En 1988, le Secours populaire publie la première « enquête témoignage pauvreté-précarité ». Julien Lauprêtre préface « la misère en France, c’est un véritable raz-de-marée ». L’enquête conclut que seule est reconnue à ce jour l’activité au sens marchand du terme : toutes les formes de travaux différents (associations intermédiaires, travaux d’utilité collective, stages, etc.) sont mal acceptées. Aujourd’hui, nous n’avons pas progressé, y compris en termes d’acceptabilité. La précarité s’est généralisée, les contrats de travail à durée indéterminée sont difficilement accessibles aux jeunes entrant sur le marché du travail et les personnes en activité sont séniors à 45 ans sans perspective de progression. Ce phénomène est européen : le degré de pauvreté en Allemagne est élevé, il l’est aussi au Portugal, en Italie, en Espagne. Les sondages réalisés par Ipsos en partenariat avec le Secours populaire dans notre pays et des associations partenaires en Europe témoignent d’une aggravation de la situation à laquelle s’ajoute ces derniers mois l’inquiétude liée aux tensions internationales. Le Secours populaire et ses partenaires, y compris dans le cadre institutionnel européen, s’efforcent de collecter plus de moyens financiers pour aider concrètement les familles et personnes confrontées à des difficultés insurmontables. Dans cette optique, il développe les « marchés pop » qui permettent aux producteurs de vendre au plus près leurs produits à des coûts compatibles avec les ressources des personnes accompagnées par le Secours populaire. Il agit pour soutenir ses partenaires dans le monde par des moyens concrets adaptés aux situations locales qui ne laissent personne sur le bord du chemin. Il appelle chacune et chacun à le rejoindre pour déployer sur la planète la nécessaire chaîne de la solidarité populaire. Cette solidarité qui repose sur la volonté de tous et qui ne saurait se décréter.
Le Congrès national a eu pour thème « Ensemble, engagés pour un monde plus juste et plus solidaire ». Les congressistes ont voté et réaffirmé que la volonté du Secours populaire est prioritairement de permettre à chacun de s’émanciper, de trouver sa place de citoyen et d’agir sous une forme inconditionnelle. La nécessité de chercher à intervenir dans toutes les dimensions de la détresse humaine a été confirmée. Les échanges ont clairement souligné et mis en évidence que de peser sur les conséquences nécessitait d’inviter chacun à prendre part, en s’abstenant de tout clivage, en créant du lien et en rapprochant des individus de toutes générations, de toutes origines sociales, culturelles ou religieuses. Les échanges ont largement porté sur la nécessité de faire du Secours populaire un acteur d’une solidarité planétaire et sans frontière. Pour ce faire, il a été retenu de valoriser systématiquement l’initiative comme mode d’action. Tous ensemble, nous avons concrètement décidé que la solidarité populaire se devait d’aller aussi vers celles et ceux qui sont dans la précarité, de concevoir nos espaces de solidarité comme portes d’entrée pour l’accès aux droits dont l’aide alimentaire est une des solidarités déployées, d’agir pour la découverte des métiers et l’accès à une formation de qualité pour les jeunes. Il a été également décidé d’inviter le plus grand nombre à agir pour mondialiser la solidarité, développer les villages « Copain du Monde », les fêtes des couleurs, réinventer de nouvelles formes de collectes populaires et tous les moments permettant la convivialité, l’ouverture aux autres et les échanges culturels. Le dynamisme et l’énergie du Congrès sont à souligner.